Voilà où nous en sommes. A l’heure où Christian, ministre de l’industrie, certes mal-logé, oublie les convenances les plus rudimentaires de l’art de recevoir et manque d’offrir la moindre collation à ses visiteurs pourtant accourus chez lui comme l’affamé se précipite à la soupe populaire, il faudrait interdire les apéros géants. Nous nous occuperons sans doute du cas de Christian dans une prochaine chronique hospitalière tant l’urgence de son indigence m’a ému pour ne pas dire bouleversé. Mais revenons à nos moutons cadets de la nation au bord de la faillite éthylique. Trouvons leur un berger. Voilà l’affaire. Car il s'agit bien de cela. Que signifie se réunir entre jeunes sans prévenir la moindre autorité dans le seul souci de se pochtronner ? Qu’y-a-t-il de si irrésistible à boire sans mesure dans l’ignorance et la négation coupables de l’avenir radieux ? L’amateurisme de ces soiffards réveille toutes les craintes. Il faut les encadrer par des professionnels de la buvette. Les meilleurs qui soient. Un cordon ombilical de CRS, gendarmes, policiers et autres chevaliers du mérite vinicole s’impose donc pour ne pas rompre le lien avec la mère patrie. Car ce qui l’inquiète, ce n’est pas tant les débordements festifs que la rupture oedipienne sans complexe que ses enfants lui infligent. Délaissée par ses rejetons, la patrie est en danger. Elle a enfanté une chimère qu’elle doit à présent ramener dans le droit sillon de la modération. La modération, pour s’en abreuver jusqu’à plus soif !