La semaine dernière, en plein Paris, en pleine place des Vosges, en plein pèlerinage forcé à la Hugo, en pleine sortie littéraire, sous les arcades, sur qui tombe-je nez à nez ? Je vous le demande. Allez vite car la réponse ne va pas tarder. Allons. C’est évident pourtant. Vous ne voyez pas ? Pascal Bruckner, oui ! Bravo, moi, cela fait une semaine que je cherche le nom de ce bel inconnu, la soixantaine bien bien bien, qui a fait mine de ne pas me reconnaître. Je n’ai pas cru un seul instant à son petit manège, comprenant illico que son désintérêt trop bien simulé cachait une gêne et une émotion certaines. J’improvisais moi aussi l’indifférence la plus naturelle. A peine un regard échangé que déjà nous nous trouvions hors de portée l’un de l’autre. Pascal Bruckner ! Misérable, qui manque me saluer avec le plus grand toupet ! Alors que mes visites à la capitale sont d’une extrême rareté. Ecrivain et essayiste nous renseigne wikipédia. Ecrivain, je savais déjà pour l’avoir lu ; peu, mais quand même. Mais à quoi d’autre s’est-il encore essayé ? Certainement pas à la moindre des corrections. Mais je ne le condamne pas en première instance, et me poste à l’endroit exact de notre rencontre manquée pour lui laisser le temps de faire le tour carré de la place et repasser pour se jeter dans mes bras que je tenais déjà grands ouverts. Un quart d’heure plus tard, les bras m’en tombaient. Pascal m’avait crucifié et cloué le bec au passage. Pascal n’était pas repassé. Pascal ne reviendrait pas. Pascal est sans scrupule. C’est, dit-on, le secret de la réussite. Et bien Pascal, je ne te lirai plus.